Martin Sheen
- Casting
Détails
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Filmographie | 9 films |
Récompense | 1 nomination et 0 victoire |
Biographie
Martin Sheen, de son vrai nom Ramón Antonio Gerardo Estévez, est né le 3 août 1940 à Dayton, dans l’Ohio (États-Unis). Fils d’un immigré espagnol et d’une mère d’origine irlandaise, il grandit dans une famille nombreuse, modeste, et très croyante. Très jeune, il nourrit le rêve de devenir acteur, quitte à prendre ses distances avec le chemin que sa famille avait tracé pour lui. Il adopte d’ailleurs le pseudonyme Martin Sheen pour se donner plus de chances dans une industrie peu ouverte à la diversité ethnique à l’époque, tout en gardant son nom de naissance pour ses papiers officiels.
Cette double identité, à la fois assumée et fragmentée, deviendra presque un fil rouge de sa carrière : un homme partagé entre deux mondes, entre ambition hollywoodienne et valeurs profondément ancrées. Une dualité qu’il incarnera aussi bien dans ses rôles que dans sa vie publique.
Du paria au président : une trajectoire cinématographique singulière
Martin Sheen commence sa carrière dans les années 60 avec des rôles dans des séries télévisées et des pièces de théâtre. C’est pourtant avec Badlands de Terrence Malick, en 1973, qu’il obtient une reconnaissance critique majeure. Son interprétation d’un jeune tueur errant avec Sissy Spacek est glaçante, presque dérangeante, et annonce déjà un goût prononcé pour les personnages ambivalents, à la fois charismatiques et troublés.
Mais c’est sans doute avec Apocalypse Now (1979), réalisé par Francis Ford Coppola, que Martin Sheen entre dans la légende. Le tournage est chaotique, épique, quasi mythique. Il y frôle littéralement la mort, victime d’un infarctus pendant la production. Le film deviendra culte, et son personnage du capitaine Willard reste l’un des plus marquants du cinéma américain des années 70. Une performance à la fois physique, intérieure et hantée, à l’image de l’acteur lui-même.
Des années plus tard, c’est dans un tout autre registre que Martin Sheen s’impose à la télévision avec la série The West Wing, dans laquelle il incarne le président fictif Josiah Bartlet. Avec son autorité tranquille, sa répartie brillante et ses discours enflammés, il devient une sorte d'idéal présidentiel pour de nombreux Américains. Ironie de l’histoire, lui qui n’a jamais voulu faire carrière en politique devient, grâce à ce rôle, une figure morale et civique quasi institutionnelle.
Martin Sheen : entre convictions personnelles et militantisme discret
Peu de figures hollywoodiennes peuvent se targuer d’avoir été aussi engagées politiquement sans jamais vraiment sombrer dans le dogmatisme ou l’auto-promotion. Martin Sheen est connu pour son activisme de longue date, notamment dans les domaines des droits civiques, de la justice sociale et de la non-violence. Il a été arrêté à plusieurs reprises pour sa participation à des manifestations pacifiques, mais toujours avec une élégance déconcertante, presque teintée d’humour. Il a soutenu des causes allant de la lutte contre les armes nucléaires à la défense des sans-abri, en passant par la protection de l’environnement.
Son catholicisme profond, parfois atypique, imprègne nombre de ses prises de position. Il ne prêche jamais, il témoigne. Il parle de foi comme d’un moteur d’action, pas comme d’une étiquette. Et ce mélange de conviction morale, de douceur dans le ton et de fermeté dans les actes a sans doute contribué à forger l’image respectueuse qu’il dégage depuis plus de 60 ans.
Une figure paternelle à l’écran comme dans la vie
Martin Sheen est aussi le patriarche d’une véritable dynastie hollywoodienne. Il est le père de Charlie Sheen et Emilio Estevez, ainsi que de deux autres enfants moins connus du grand public. Si ses relations familiales ont connu des hauts et des bas (surtout avec Charlie, dont les excès ont souvent défrayé la chronique), Martin Sheen a toujours gardé un cap : celui de la bienveillance. Il a d’ailleurs souvent collaboré avec Emilio, dans des projets portés par des valeurs communes, loin du tumulte des studios à gros budgets.
Sur le plan artistique, il reste fidèle à une certaine sobriété. Pas de fanfare, pas de tape-à-l’œil. Même dans les films où il n’est pas en tête d’affiche, sa simple présence apporte un ancrage, un supplément d’âme. Il joue souvent des personnages paternels, moraux, parfois usés par la vie, mais toujours droits. Une sorte de repère dans un monde de chaos scénarisé.
Aujourd’hui, Martin Sheen incarne cette rare catégorie d’acteurs américains dont la filmographie reflète aussi bien un chemin de conscience qu’un parcours de carrière. Il n’a pas cherché la gloire à tout prix, mais elle l’a suivi malgré tout. Et à 80 ans passés, il continue d’apparaître ici et là, avec toujours cette même énergie tranquille, entre deux causes humanitaires ou un tournage intimiste.
Un homme de conviction, un acteur de profondeur, et un symbole d’intégrité dans un milieu qui en manque parfois cruellement.