John Woo

Réalisation

Biographie

John Woo, de son nom complet John Woo Yu-Sen, est né le 22 septembre 1946 à Canton, en Chine, avant de grandir à Hong Kong où sa famille a émigré pour fuir les bouleversements politiques du pays. Il est de nationalité chinoise (hongkongaise, pour être plus précis dans le contexte culturel et cinématographique). Son nom en chinois traditionnel est 吳宇森, prononcé Ng Yu-sam en cantonais.

Réalisateur, scénariste et producteur, John Woo s’est imposé comme l’une des figures emblématiques du cinéma d’action international, grâce à un style visuel reconnaissable entre mille et une capacité à chorégraphier la violence avec une précision quasi-balletique. Il est souvent considéré comme un pionnier du "gun-fu", ce sous-genre mélangeant arts martiaux et fusillades acrobatiques.

Un style signature entre poésie et poudre noire

Si on devait résumer le style de John Woo en une image, ce serait sans doute un héros au ralenti, deux pistolets en main, des colombes s’envolant en arrière-plan, et des balles qui pleuvent dans un ballet millimétré. Car c’est là tout l’art de Woo : faire du chaos une forme d’esthétique. Inspiré aussi bien par le western de Sergio Leone que par les thrillers américains et les mélodrames asiatiques, il injecte une grande dose de romantisme tragique dans ses films d’action.

Ses personnages sont souvent des figures hantées par la loyauté, l’amitié, l’honneur ou la trahison. Il y a chez lui quelque chose de profondément opératique, où l’émotion se mêle à la violence dans un contraste assumé.

Les débuts à Hong Kong : la trilogie qui change tout

C’est dans les années 1980 que John Woo explose avec une série de films qui vont bouleverser le cinéma hongkongais et influencer jusqu’à Hollywood. Le point de départ : A Better Tomorrow (Le Syndicat du crime, 1986), avec Chow Yun-fat, acteur fétiche de Woo. Ce film, mêlant tragédie classique et fusillades modernes, devient un phénomène. Il donne naissance à une suite et à un nouveau style de cinéma local, plus sombre, plus lyrique, plus spectaculaire.

S’enchaînent alors des classiques comme The Killer (1989), Bullet in the Head (1990), et surtout Hard Boiled (1992), véritable chef-d’œuvre du genre, dont la séquence finale dans un hôpital est encore étudiée par les cinéphiles comme un modèle de mise en scène d’action.

Hollywood lui ouvre les bras : le virage international de John Woo

Fort de son succès à l’international, John Woo quitte Hong Kong au début des années 1990 pour tenter l’aventure américaine. Il y signera plusieurs succès notables, avec parfois plus ou moins de liberté artistique selon les projets.

Parmi les titres marquants de sa période hollywoodienne, on retrouve Broken Arrow (1996) avec John Travolta, puis surtout Face/Off (1997), film culte où Travolta et Nicolas Cage échangent littéralement leurs visages dans une histoire à la fois absurde et intense. Un cocktail d’action, d’émotion et de double jeu qui résume parfaitement ce que Woo sait faire de mieux.

Il réalise ensuite Mission: Impossible 2 (2000), l’un des volets les plus stylisés de la saga avec Tom Cruise, avant de s’essayer à la science-fiction avec Paycheck (2003). Tous ne sont pas des réussites critiques, mais chacun porte la patte Woo : ralentis, dualité morale, amour de la mise en scène chorégraphiée.

Retour aux sources et héritage durable

Après une période américaine en demi-teinte, John Woo revient à ses racines asiatiques dans les années 2000. Il réalise notamment Red Cliff (Les Trois Royaumes), une fresque historique en deux parties sortie entre 2008 et 2009, qui rencontre un grand succès en Chine. Loin des rues de Hong Kong ou des gratte-ciel de Los Angeles, il y transpose son sens de l’épique et du spectacle dans un contexte antique.

Le cinéma de John Woo a influencé toute une génération de réalisateurs. On retrouve son empreinte chez Quentin Tarantino, Robert Rodriguez, The Wachowskis, ou encore James Gunn. Le jeu vidéo aussi lui doit beaucoup : des titres comme Max Payne ou Stranglehold (dont il a directement supervisé le développement) portent son ADN visuel.

John Woo, un nom gravé dans la mémoire du cinéma d’action

Aujourd’hui, même si son nom n’est plus systématiquement associé aux blockbusters internationaux, John Woo reste une figure majeure du cinéma mondial. Son style a marqué l’histoire du 7e art, non seulement pour ses scènes d’action spectaculaires, mais aussi pour sa capacité à injecter une émotion sincère dans un genre souvent cantonné à la surface.

Filmographie

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