Dominique Pinon
- Casting
- Né le 4 mars 1955
- 70 ans
- France
- 6 films
Biographie
Né le 4 mars 1955 à Saumur, dans le Maine-et-Loire (France), Dominique Pinon est un acteur français à la silhouette nerveuse, au regard perçant et au timbre de voix immédiatement identifiable. Il est devenu au fil du temps l’une des "gueules" les plus reconnaissables du cinéma français, souvent associé à des univers visuels décalés, fantastiques ou poétiques. Collaborateur fidèle de Jean-Pierre Jeunet, mais aussi homme de théâtre et de télévision, Dominique Pinon s’impose comme un caméléon du bizarre, toujours à la frontière entre drôlerie inquiétante et humanité cabossée.
Une formation théâtrale et un goût pour les marges
Après des études de lettres à Poitiers, Dominique Pinon entre au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, où il est formé par Antoine Vitez. C’est sur les planches qu’il se forge, d’abord dans le répertoire classique, puis très vite dans des pièces contemporaines, où son énergie nerveuse, sa diction atypique et son physique hors normes deviennent des atouts plutôt que des obstacles.
Il reste toute sa carrière très actif au théâtre, avec une prédilection pour les pièces exigeantes, souvent absurdes ou surréalistes, qui correspondent bien à sa nature singulière. Mais c’est le cinéma qui va lui donner une visibilité bien plus large.
Diva et le cinéma français des années 80
C’est avec Diva (1981) de Jean-Jacques Beineix que Dominique Pinon se fait remarquer au grand écran. Il y incarne un tueur glacial, quasi muet, aux gestes mécaniques, dans ce polar néo-baroque devenu culte. Dès ce premier rôle, Pinon impose une présence physique rare, entre clown triste et automate inquiétant.
Il poursuit avec des rôles secondaires mais marquants dans des films comme Les Nuits de la pleine lune d’Éric Rohmer, Kamikaze de Didier Grousset, ou Roselyne et les lions de Jean-Jacques Beineix, confirmant sa capacité à être toujours juste, même dans des récits improbables.
Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro : une collaboration iconique
Le grand tournant de sa carrière s’opère au début des années 90 avec sa collaboration avec le tandem Jeunet et Caro, qui fera de lui leur acteur fétiche. Il devient une figure emblématique de leurs mondes visuels, grotesques et poétiques.
Dans Delicatessen (1991), il incarne Louison, ex-clown devenu homme à tout faire dans un immeuble de cannibales. Son jeu, à la fois burlesque, maladroit et attendrissant, est au cœur de l’univers du film : un monde où la bizarrerie devient poésie, et la monstruosité presque banale.
On le retrouve ensuite dans La Cité des enfants perdus (1995), où il interprète toute une série de clones maladroits, démontrant un vrai talent pour le jeu corporel et les nuances multiples d’un même personnage.
Plus tard, dans Alien: Resurrection (1997), il franchit l’Atlantique sous la houlette de Jeunet, incarnant un mercenaire handicapé, mal embouché mais loyal, dans un rôle secondaire mais mémorable au sein de l’univers Alien.
Et bien sûr, il est aussi de l’aventure Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (2001), en voisin maniaque, discret, touchant — un personnage secondaire en apparence, mais essentiel à la mosaïque du film.
Une "tête" du cinéma français, toujours là où on ne l’attend pas
Au-delà de sa collaboration avec Jeunet, Dominique Pinon a su multiplier les apparitions dans des films d’auteur, des comédies, des thrillers, ou des films d’animation. Il travaille avec Jean-Pierre Mocky, Agnès Jaoui, Jean Becker, Claude Lelouch, Coline Serreau, ou encore Andrzej Żuławski.
Jamais là pour séduire, il est l’anti-beau-gosse par excellence, mais toujours émouvant, étrange ou touchant, selon les besoins du rôle. Il peut être inquiétant dans un plan fixe, hilarant dans une scène de quelques secondes, ou bouleversant dans une simple intonation.
Il participe aussi à de nombreuses séries télé, films d’animation, courts-métrages et spectacles vivants, souvent dans des rôles qui n’auraient pas de sens sans lui. Car Dominique Pinon ne remplace pas : il incarne.
Une voix, une présence, une fidélité au cinéma à part
Doté d’une voix un peu traînante, presque mécanique, et d’un regard fixe, Dominique Pinon est un acteur sensoriel, qui joue autant avec son corps qu’avec ses silences. Il ne cherche jamais à voler la scène, mais à exister dans un monde bien à lui, qu’il transporte partout.
Son attachement au cinéma de genre, au théâtre exigeant, aux projets marginaux ou poétiques, en fait une figure précieuse du paysage culturel français, souvent saluée par les réalisateurs et adorée des cinéphiles.
Il n’a pas fait de scandales, pas couru les tapis rouges, pas rempli les pages des magazines… mais il a rempli les films de densité, d’étrangeté et de sincérité.