Péplum
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Si le premier film de ce genre (et le plus court, moins d'une minute) dans l'histoire du cinéma est Néron essayant des poisons sur un esclave produit par les Frères Lumière et réalisé par Georges Hatot (1896), le mot « péplum » n'a peut-être été employé, pour la première fois, qu'en référence au film La Tunique (1953) ou bien par des habitués du Ciné-club Nickelodéon dans les années 1950. Depuis le début des années 1950, grâce aux productions italiennes et américaines, ce mot désigne les films dont l'action se situe historiquement dans l'Antiquité et, en particulier, celle de la Rome Antique, de la Grèce antique (et mythologique) et de l'Égypte antique. Il existe aussi des péplums bibliques basés sur l'Ancien ou le Nouveau Testament. Selon Claude Aziza, maître de conférences honoraire de langue et littérature latines à l'université La Sorbonne Nouvelle-Paris III, les recherches des occurrences du mot dans la presse et la littérature indiquent une apparition en 1963 dans un milieu cinéphile lié au metteur en scène Bertrand Tavernier. Dans le numéro 68 de CinémAction (3<sup>e</sup> trimestre 1993) consacré au Panorama des genres au cinéma, Claude Aziza proposait une ébauche de définition du péplum : « On surnommera péplum tout film dont le sujet se passe dans une Antiquité qu'on fera commencer à la période biblique et terminer à l'aube du haut Moyen Âge. » Le péplum est, selon les points de vue, un genre bâtard ou total, un des premiers héritiers du théâtre classique et de l'opéra ou un sous-genre du cinéma. Sa place dans l'histoire du cinéma (dès sa naissance) prouve son importance. À la fois noble (il traite de l'histoire, de la religion, utilise des auteurs tels que Homère ou Flaubert) et vulgaire (la veine commerciale exploite la violence et l'érotisme, voire le rire - à ses propres dépens - et l'invraisemblance), le genre antique est associé à l'épopée (pour les Américains, le péplum est une de ses catégories), à la comédie, au fantastique (fantômes, vampires, momies revenues à la vie...) et au merveilleux (dans son utilisation de la mythologie). Le péplum a attiré les plus grands réalisateurs (de Méliès à Fellini, de Feuillade à Oliver Stone, en passant par Griffith, Duvivier, Walsh, Mario Bava ou Pasolini) et possède ses propres maîtres : Cecil B. DeMille, Pietro Francisci, Vittorio Cottafavi... Puisant dans le riche catalogue de la légende et de l'histoire, il offre aux acteurs à tendance cabotine la possibilité d'incarner des personnages prestigieux (en tête, Jésus et Néron, ce qui souligne l'aspect manichéen du genre) et aux stars séduisantes l'occasion d'exhiber dans des tenues légères leur anatomie parfaite. Spectaculaire ou fauché, le péplum enfin constitue un bon repère pour jauger la qualité d'une production (budgets, imagination) suivant les lieux et les époques.